Retour aux sources [Terminé]

Tant de temps était passé depuis mon départ... Ma fuite, ma tentative d'intégration, un nouveau rejet, puis mon entrée dans l'unité du Cipher Pol... Depuis ce jour-là, je n'ai plus eu une seule journée de repos... Pfiou! Je ne pensais pas que cela serait si éprouvant! Mais qu'est-ce que c'est passionnant! Je me sens mieux depuis quelques jours... Cela doit être l'ambiance... Peut-être ai-je, enfin, trouvé ma vraie famille? Pas comme avant... Cette période qui me semble à présent si lointaine... Cette impression de vertige... Je m'assis pour arrêter cette sensation. A peine effectuai-je cette action que je m'effondrai, pris par une vague de souvenirs...


J'étais assis, seul, comme d'habitude... J'étais seul, très seul... De toute façon, je ne m'entendais avec personne... Les seules paroles qui m'étaient adressées étaient méprisantes, insultantes... Je ne pouvais pas parler sans recevoir de vives et hautaines, ne pouvais pas non plus m'approcher d'un groupe de personne sans recevoir des regards noirs, quand ce n'était pas des remarques cinglantes, et même parfois des coups... Cette situation durait depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps... Il était temps de réagir! Je ne pourrais pas atteindre mes objectifs si je n'allais pas face à mes oppresseurs, je devais avoir le courage d'aller face à eux, de les défier! Un peu de courage enfin!

Je me levais donc, et me dirigeais vers un groupe de jeunes, qui devaient avoir à peu près mon âge. Je m'approchais donc d'eux... Trois mètres... Deux mètres... Un mèt... Déjà on me reprenait... Déjà on me rejetait... Mais cette fois-ci je ne céderai pas, il fallait que je sois fort, plus fort qu'eux... Ils virent que je ne partirais pas, ils se retournèrent tous vers moi... Des menaces fusèrent, des noms d'oiseaux volèrent... Je ne céderais pas, pas avant d'avoir obtenu le respect que je voulais, pas avant de leur avoir fait comprendre que je ne voulais plus du statut que l'on m'avait attribué... Je restais donc devant eux, pensif, sans leur répondre... Je ne voulais pas que cela tourne mal, il ne fallait pas que je leur réponde... J'étais ailleurs pour ne pas penser aux paroles que l'on m'adressait, pour ne pas, sous le coup de la colère, commettre une action que je ne pourrai jamais effacer... Je restai comme cela, ignorant leurs dires, espérant qu'ils s'en aillent bientôt pour avoir la sensation d'avoir remporté une bataille... Mais cela ne se passa pas du tout comme prévu!

La tension montait dans le camp des opposants car ils se rendaient compte que tout ce qu'ils pouvaient dire n'avaient absolument aucune influence sur moi. L'un d'eux, exaspéré par la situation, décida d'employer la manière forte. Il était plutôt solide (il faisait facilement un mètre quatre-vingt cinq), c'était un colosse, comme ceux que l'on voit dans les films, qui vous attrape et vous jette à la porte sans que vous ayez votre mot à dire. Il m'attrapa par le col, ce qui eu le don de me ramener à la réalité, et hurla des paroles qui m'étaient probablement destinés. Il finit par m'envoyer son deuxième poing dans le nez. Il n'aurait pas dû faire ça, je pense qu'il le compris dès qu'il vit mon visage juste après... Ma réaction fut probablement excessive mais je ne regrette rien, je ne regretterais plus jamais quelque chose... Je lui envoya mon genou juste sous le menton,ce qui eu pour effet de l'étourdir. Malgré mon allure plutôt frêle, je connaît les zones du corps sensibles, là où le moindre petit coup résonne comme un couteau enfoncé dans le coeur... Je me défis de son étreinte et, d'un geste vif, passai derrière lui, avant de lui asséner un coup vif à l'arrière du coup, au niveau des cervicales. Il s'effondra.

Je savais qu'il n'avait rien qu'il se relèverait d'ici quelques minutes, mais ses amis, eux, ne le savaient pas, et essaieraient de me faire payer dès qu'il auraient repris leurs esprits. Je commençai donc à faire ce que je savais le mieux faire: courir, courir le plus vite possible, afin de les semer. Après un peu moins d'une minute, j'entendais des cris de rage derrière moi. Mais j'étais déjà trop loin. Je remontais donc vers l'endroit où je vivais, où j'avais toujours vécu: la maison de mes parents. Enfin de mes parents... Mon père passait la plus grande partie de ses journées à voyager pour son travail... J'avais donc été élevé en grande partie par ma mère... Enfin ma mère... Cette personne qui me traitait comme un esclave, qui passait ses journées à me crier après... A peine arrivé que cela ne rata pas, elle avait déjà eu des échos de ce qui m'était arrivé, et commença à me crier dessus. Comme d'habitude, je l'ignorais... Elle était comme tous les autres... Pas une personne dans cette ville, pas une seule, même à l'intérieur de ma famille, n'arrivait à me comprendre...

Cette situation demeura telle qu'elle pendant les six mois qui suivirent, avant le vol du Fruit du Démon et mon ultime rejet, celui qui me poussera à quitter le village, ce village que je connaissait depuis ma plus tendre enfance et qui, malgré tous les problèmes que m'ont posé ses habitants, restera à jamais dans mon coeur en tant que village natal.


Après tant d'années, j'étais revenu... Revenu dans ce maudit village, où je m'étais promis de ne plus jamais revenir. Je n'avais pas résisté à la tentation de m'arrêter, ne serait-ce que quelques minutes... Je repris mes esprits... Je me rendis compte que cela faisait maintenant plus d'une demi-heure que j'était là, assis, à découvert. Je me relevai en vitesse, je ne devais pas me faire voir, cela pourrait avoir de lourdes conséquences, autant pour moi que pour mon unité, le Cipher Pol, que j'avais intégré il y a peu. Sans état d'âmes, je courut à toutes jambes pour rejoindre la côte. Là, je relevai mon Sorasukuta, véhicule qui m'avait été offert juste après mon entrée dans l'organisation, construit sur le modèle d'un waver, et, après avoir jeté un dernier regard vers cette île, m'en allait, en espérant que plus jamais je n'aurai a recroiser sa route.